Bien souvent, lors de la thérapie, parents et spécialistes peuvent rencontrer différentes formes de protestations. Comprenant qu’il va devoir «apprendre» quelque chose, l’enfant peut développer tout un arsenal de moyens connu par les thérapeutes, orthophonistes, etc… La protestation peut se manifester sous la forme de crises de colère, d’agressions, de jets d’objets, etc… Mais le but de la protestation est d’éviter d’accomplir une action non désirée et dans ce cas précis : l’apprentissage.
La méthode ABA est basée avant tout sur le principe du renforcement des réactions désirées. Mais comment agir alors si votre enfant est sur la «défensive» à la moindre tentative de début d’apprentissage ?
La première règle est d’essayer d’atténuer les manifestations de protestation. Quelle que soit la forme de résistance – cracher, mordre, etc… – elle ne doit en aucun cas lui permettre de ne pas accomplir la tâche. Si l’enfant refuse de s’asseoir, vous devez le placer de telle manière qu’il ne puisse pas sortir de la pièce ou s’éloigner en rampant. Par exemple : rapprocher la chaise contre un mur ou le protéger avec un bureau – en cas d’auto agression – afin qu’il ne se blesse pas. Ensuite, vous commencez l’apprentissage en ignorant tout comportement indésirable. Durant cette phase, choisissez un maximum de tâches simples à accomplir. Par exemple : des exercices de motricité comme poser la main sur le ventre ou sur la tête, etc… L’objectif est d’éviter le refus durant l’apprentissage et d’obtenir la participation de l’enfant. Si nécessaire, utilisez les « bouts physiques ». Pour travailler à l’aide du bout, encouragez l’enfant. Il doit parvenir à exécuter la tâche lui-même. Le processus peut prendre plusieurs heures. Ensuite, il faut l’encourager à l’aide de jeux, de divertissements afin d’obtenir le comportement souhaité. En général, il suffit de deux ou trois exercices pour que l’enfant y participe.
L’application de cette méthode est bien décrite par la thérapeute ABA Natalia Zimcha, mère de deux enfants :
«Que faire lorsque l’enfant ignore toute approche et qu’il y a donc impossibilité d’apprentissage ? »
La méthode ABA se base sur un système de récompenses. Plus le degré d’autisme sera élevé chez l’enfant, plus il sera difficile non seulement de l’encourager, mais aussi de lui faire comprendre ce que vous attendez de lui. Vous sautez autour de lui avec ses jouets préférés mais dès que vous essayez d’obtenir quelque chose chose, il refuse toute sorte d’encouragement et vous ignore. J’ai vu des enfants qui criaient ou faisaient pipi dans leur culotte à la moindre tentative d’approche. La majorité des autistes comprennent vite que si on leur donne quelque chose qu’ils aiment, on leur demandera quelque chose en échange. Ils peuvent jouer jusqu’au moment où on essaiera d’obtenir ce qu’ils refusent, comme répéter le mouvement qu’on leur a demandé. Ils sont habitués à vivre dans leur propre monde et il est parfois difficile de les en faire sortir.
L’intervention est importante dans la méthode ABA. Par exemple, vous dites : « Fais comme ça » et vous mettez la main sur la table. L’enfant à qui on n’a jamais rien demandé tombera, hurlera, se frappera la tête sur le sol. Certains enfants peuvent même vomir. Il proteste parce que vous exigez quelque chose de lui. Tout ce que vous avez fait avant avec lui n’existe plus. Vous avez pénétré sur son territoire où il fait uniquement ce qu’il veut et comme il le veut.
Vous voilà donc face à un enfant qui crie et hurle. La thérapeute se dira : « Comment réagir à présent ? » La réussite de l’intervention c’est quand vous arrivez à obtenir ce que vous voulez sans utiliser la force.
D’abord, l’enfant doit s’asseoir de telle façon qu’il ne risque pas de se blesser. La meilleure manière d’agir est de le mettre sur le sol dans un angle. « Fais comme ça » – vous mettez la main sur la table, et d’un mouvement doux vous la prenez et la posez sur la table. S’il résiste, cela signifie tout simplement qu’il suffit de prendre sa main et de lui indiquer la direction où la poser. Après cela, il faut féliciter l’enfant et recommencer.
Cela peut sembler long en début d’apprentissage. Parfois jusqu’à 4-5 heures. Sans pause. Jusqu’au moment où il le fait pour la première fois lui-même. Ensuite, vous le félicitez à nouveau et vous jouez encore avec lui. Ce qui signifie que le but est atteint.
Le petit Ilya ne disposait que de 2 heures et le principal était de ne pas s’arrêter et surtout de ne pas abandonner. Très difficile.
La réaction d’un enfant peut varier. Une protestation violente, ensuite l’apathie, puis l’agression, puis des plaintes, suivi à nouveau de l’apathie avec l’agression. Ici, c’est la guerre. Il exécutera le mouvement et recevra après la récompense et des encouragements. Ou… rien d’autre. A la guerre ou tu gagnes ou tu perds.
Ce cas de figure peut se présenter quelque fois. A ce moment, l’enfant réalise qu’il est plus facile d’exécuter la tâche et d’obtenir une récompense que de hurler et de résister.
Ensuite, c’est la méthode ABA qui entre en jeu. C’est à dire encourager et donner ce que l’enfant aime durant la thérapie. Il commence à apprécier son docteur parce que c’est intéressant. On n’a alors pas recours à l’intervention. D’abord, Ilya essaye les cadres avec une autre personne et ensuite il tente de les éloigner (il veut faire moins d’efforts pour plus d’encouragements et de récompenses), et puis il se réfugie dans le déni. Un jour, il se laissera tomber sur le sol et ignorera toutes les demandes de la nouvelle thérapeute. Il observe et se demande s’il faut céder ou pas. Et puis à nouveau, « fais comme ça », cris et résistance etc… D’habitude pendant 30-40 minutes. « Fais comme ça » et finalement l’enfant se radoucit.
On me demande souvent si cela ne brise pas l’enfant et si une autre personne pourrait arriver au même résultat. Forcer Ilia à faire quelque chose qu’il ne veut pas est extrêmement difficile. Il reste fidèle à lui-même. Ce qui est gratifiant c’est lorsqu’il demande des explications et qu’il les trouve raisonnables. Vous pourrez alors bien vous entendre.
Pourquoi ai-je écrit tout cela ?
Parce qu’il y existe d’autres méthodes d’influence – sans recours à la force physique – même si l’enfant refuse tout encouragement. En outre, une méthode basée sur la force physique engendre la peur et rien de plus.
De plus, certains diront qu’on n’oblige pas son enfant et qu’on l’encourage sans cesse et que tout ira bien. Ça peut être le cas. Je n’ai jamais du obligé Matvey à faire quoi que ce soit. Il fera tout avec plaisir à partir du moment où il y a une approche ludique et un contact.
A ce jour, la méthode ABA s’avère la plus efficace même pour les autistes qui refusent d’interagir.
Source : http://www.aba-therapy.com.ua/content/aba-preodolenie-protesta.html